Sébastien de Vauban (1633 – 1707)

Un Maréchal proche du peuple

Soldat courageux, ingénieur hors pair, visionnaire hardi, fidèle serviteur du roi Louis XIV… Vauban fut tout cela et d’aucuns le comparent à Léonard de Vinci par sa créativité.

Les services rendus à l’État valurent à Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, d’être élevé à la dignité de Maréchal de France. Mais cet homme de coeur n’en oublia pas pour autant ses origines modestes et il mit son franc-parler au service des paysans écrasés d’impôts et des protestants persécutés.

C’est assurément l’une des plus nobles figures de l’Histoire de France.

Le «meilleur ingénieur de ce temps»

Issu de la petite noblesse bourguignonne, Vauban s’engage dans les armées de la Fronde. Remarqué par Mazarin, il entre à 20 ans au service du jeune roi Louis XIV et très vite révèle des talents exceptionnels dans la conduite des sièges et la fortification des cités. Il s’acquiert la réputation de «meilleur ingénieur de ce temps».

Au terme d’une brillante ascension qui l’amène à la fonction de commissaire général des fortifications, il convainc le «Roi-Soleil» de substituer à la zone frontalière une ligne de démarcation bien définie.

C’est la frontière comme nous la connaissons aujourd’hui ! Il la protège par un réseau dense de fortifications. En un demi-siècle, Vauban consolide ainsi pas moins de 300 places fortes et citadelles et en construit 33 nouvelles.

Il participe par ailleurs à environ 140 batailles et 53 sièges, sans craindre de s’exposer. Il est une fois de plus blessé à 64 ans. A 71 ans, il conduit le siège de Brisach et six mois avant sa mort, inspecte encore les fortifications de Flandre.

Un réformateur proche des humbles

Vauban, dessin attribué à Hyacinthe Rigaud

Vauban est toujours resté proche du peuple, aidé en cela par ses innombrables déplacements à travers le royaume, d’une frontière à l’autre.

En mission dans le Languedoc, il prend conscience de l’oppression dont sont victimes les protestants après la révocation de l’Édit de Nantes et avec son aplomb coutumier, il présente au roi un Mémoire sur le rappel des huguenots pour le convaincre (sans succès) de l’inanité de cette révocation.

En 1693, il convainc Louis XIV de créer une distinction qui récompenserait les personnes selon leur talent et non plus selon leur naissance. C’est ainsi qu’est fondé l’Ordre de Saint Louis…. dont il sera l’un des premiers dignitaires (le roi connaît son mérite et ne lui tient pas rancune de son franc-parler et de ses remontrances).

Sa curiosité s’étend à l’économie et aux statistiques. Il s’indigne des conditions de vie pitoyables des paysans. Il rédige un Projet d’une dîme royale où il expose l’idée proprement révolutionnaire d’un impôt universel et équitable qui serait prélevé directement par l’administration royale.

Ce faisant, le marquis, dévoué au roi et au principe monarchique, n’a d’autre objectif que d’améliorer le fonctionnement de l’État pour le plus grand bien de tous. Mais son mémoire suscite une levée de boucliers et le roi vieillissant doit le faire interdire.

Vauban meurt peu après, néanmoins entouré de l’estime générale. Il est inhumé dans l’église paroissiale de Bazoches, près de son château, au sud de Vézelay.

Sa sépulture sera profanée sous la Révolution mais Napoléon 1er trouvera moyen de faire transférer son coeur sous le dôme des Invalides, à Paris, en 1808.