Innovations pédagogiques : quand les classes cassent les codes

Au collège Vauban, la classe de Jean Bataille sort de l’ordinaire. Avec le soutien d’un enseignant spécialisé, le professeur de mathématiques s’est lancé dans un projet de classe mutuelle avec ses élèves de 6e inclusive. Un mode d’enseignement basé sur le travail en groupe et l’entraide très apprécié des élèves.

Aurélien BRETON – 21 10 22

Dans la classe mutuelle de Jean Bataille, la différence se remarque au premier coup d’œil : deux enseignants, un espace modulable et des tableaux sur tous les murs pour permettre aux élèves d’expérimenter.  Photo ER /Aurélien BRETON

Des tableaux blancs partout sur les murs, des tables colorées regroupées en îlots de trois à cinq places, quelques ballons de yoga à disposition des élèves… Au collège Vauban, la salle A124 ne ressemble à aucune autre. Baptisée salle Sophie Germain, du nom d’une grande mathématicienne (N.D.L.R. : c’est une tradition de donner le nom d’une personnalité aux salles de classe dans l’établissement ), elle accueille, depuis trois ans, une expérimentation autour du principe de classe mutuelle.

« La classe mutuelle, c’est l’enseignement par les pairs. Elle vise à favoriser le travail en groupes et les échanges entre élèves. Un peu comme ce qui se faisait, il y a un siècle, dans les classes uniques où les plus grands enseignaient aux plus jeunes », explique Jean Bataille, professeur de mathématiques depuis une quinzaine d’années.

La co-intervention, « regard croisé sur les élèves »

Ce projet, il a décidé de le mener avec ses deux classes de 6e  inclusive, qui accueille chacune huit élèves préorientés en Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté). Dans sa classe, il bénéficie de l’aide de Ouali Meslem, enseignant spécialisé. « Au collège Vauban, nous avons fait le choix de la co-intervention totale en 6e inclusive pour les cours de maths, de français et d’histoire-géo. Cela permet d’avoir un regard croisé sur les élèves, mais aussi d’adapter plus facilement l’enseignement aux besoins des élèves, de réfléchir à de nouvelles formes scolaires », soulignent les deux enseignants, qui ont testé plusieurs choses avant de s’arrêter sur la classe mutuelle.

Ce jour-là, pour les 24 élèves, c’est géométrie. La leçon porte sur les cercles et les disques. Et pour la mettre en application, un exercice est proposé à la classe : localiser sur une carte du sud Bretagne l’emplacement d’un bateau de pêche ayant lancé un SOS. Quelques minutes pour prendre connaissance de l’énoncé et les élèves se répartissent devant les tableaux.

« Quand on voit un élève de Segpa expliquer aux autres comment faire, on se dit qu’on a réussi notre mission »

Dans les groupes de 3 ou 4 élèves, les discussions s’animent. Chacun y va de son argument sur la meilleure méthode et le meilleur outil – compas, équerre, règle ? – pour résoudre le problème. Les enseignants naviguent dans la salle de groupe en groupe. « Faire travailler les élèves au tableau nous permet de repérer tout de suite les groupes qui ont le plus de difficulté, mais aussi ceux qui sont en réussite », reconnaît Ouali Meslem, dont les indices viennent de provoquer une illumination chez certains élèves.

« Ce système de fonctionnement offre de belles réussites. Quand on voit un élève de Segpa expliquer aux autres comment faire, on se dit qu’on a réussi notre mission », se réjouit Jean Bataille. Chaque séance se finit par un temps d’échange autour du travail des différents groupes. Collectivement, les élèves sont invités à réfléchir à ce qui a été bien fait, ce qui aurait pu être amélioré.

« Je comprends mieux comme ça »

Alors qu’ils n’ont découvert ce mode de fonctionnement qu’en septembre, les élèves sont déjà conquis. « Avant je détestais les maths. Mais plus maintenant. J’aime le fait de travailler à plusieurs. Je comprends mieux comme ça », dit Mathilde.

Mais ses camarades observent aussi un changement sur le plan personnel. Ethan et Jade, par exemple, se disent moins stressés par l’école grâce à cette classe mutuelle. Clément, lui, a pris conscience de ses capacités et retrouvé la confiance pour les autres matières. Aujourd’hui, tous auraient le même souhait : que tous les cours puissent se passer comme celui de maths.

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